A la source
Réaliser un projet d’expression artistique et politique avec des femmes ayant vécu des violences conjugales est une perspective née il y a déjà longtemps dans le coeur des deux associations porteuses du projet: le Centre de Prévention contre les Violences Conjugales et Familiales (CPVCF) et Article 27 # Bruxelles.
Et puis, un groupe de femmes impliquées dans le CPVCF a découvert grâce à Article 27 # Bruxelles l’exposition « Histoire de ne pas rire. Le Surréalisme en Belgique », à Bozar. Ca a été l’élément déclencheur du projet « Justice surréaliste »: chacune reconnaissait le surréalisme de ce qu’elle vivait, dans les méandres de la Justice…
Début novembre 2024, ça y était: le CPVCF lançait un appel à l’ensemble des femmes qui fréquentaient le centre et au-delà pour réaliser un projet artistique et politique en vue de dénoncer les absurdités du système judiciaire au sens large du terme.

novembre 2024
L’écriture comme levier d’expression artistique
Une fois constitué, le groupe a exploré la question de la Justice surréaliste sous différents angles: partage d’expériences, fresque des attentes et des besoins, rencontre de personnes ressources dans le domaine de la Justice… L’exploration s’est poursuivie dans la question de la forme que pourrait prendre l’expression artistique du groupe. Le choix a été fixé en décembre: c’est par l’écriture, individuelle et collective, que le groupe a décidé de s’exprimer!
Article 27 # Bruxelles a dès lors contacté ScriptaLinea pour animer des ateliers autour du thème. A la clé, des textes collectifs et personnels qui éclairent et dénoncent le surréalisme de décisions et de pratiques dans le système judiciaire, encore dominé par la logique patriarcal et imprégné de ce regard qui fragilise les femmes victimes de violences et qui, même, peut générer de nouvelles violences à leur encontre.
Faire bouger les choses
L’enjeu d’un tel projet, c’est de faire bouger les choses, de changer le regard du public et, en particulier, des professionnel·le·s qui participent du système judiciaire, depuis les agents de police jusqu’au Ministère de la Justice en passant par les avocat·e·s et les juges. De façon à ce que les décideurs politiques prennent des mesures pour que le système prenne mieux en compte les réalités vécues par les victimes et leur protection.
Un exemple? Jusqu’ici, les victimes de violences conjugales ou familiales – viol, harcèlement, inceste… – peuvent être amenées à devoir vivre avec l’auteur de ces violences alors même qu’il est condamné pour celles-ci! Comment? Pourquoi? Dans le cas où victime et auteur sont encore domicilié·e·s à la même adresse, et où l’auteur a obtenu un congé pénitentiaire ou bénéficié d’une peine avec bracelet électronique.
Ce jeudi 17 juillet va être votée à la Chambre une loi d’urgence pour désengorger les prisons. Un amendement à cette loi d’assouplissement à l’incarcération a été amené pour protéger les victimes de violences intrafamiliales. Quel événement a motivé un tel amendement? L’agression par le feu d’une femme par son compagnon condamné pour violences conjugales et en congé pénitentiaire à leur domicile. Pourquoi faut-il attendre des (tentatives de) féminicides pour mieux protéger les victimes, alors que cette situation est dénoncée depuis longtemps, notamment par le CPVCF?
De son côté, le groupe des femmes impliquées dans le projet « Justice surréaliste » a exprimé ses cris du coeur à la Marche mondiale des femmes, le 8 mars dernier. Il a invité le public à contribuer aux productions surréalistes commencées en atelier et lui a distribué son inventaire surréaliste intitulé « Classement sans suite? ».

Deux émissions radio ont également été enregistrées, avec les participantes, dans le studio de Radio Air Libre, avec une diffusion dans le créneau horaire pris en charge par ScriptaLinea le jeudi de 17h30 à 19h, pour son émission « Des livres pour dire ». L’une est consacrée à la présentation du projet « Justice surréaliste » et des revendications des femmes, avec le partage de textes collectifs. Elle est à écouter dès aujourd’hui sur le site de Radio Air Libre. L’autre, enregistrée en juillet, est consacrée à une partie des textes personnels créés dans le cadre du projet et à un texte collectif. Elle sera diffusée à partir du 18 septembre.
Le 30 septembre, une délégation du groupe montera sur scène lors de la journée Réseau en action organisée par Article 27 # Bruxelles et proposera une lecture panachée de textes tirés de la publication Justice surréaliste, qui sera diffusée ce jour-là et mise en ligne sur les sites d’Article 27 # Bruxelles et du CPVCF.
Pour aller plus loin
Ecouter les émissions radio « Des livres pour dire »
C’est sur Radio Air Libre (87.7 MHz à Bruxelles et en direct via le site de Radio Air Libre):
(164) « Justice surréaliste: projet et récits »: diffusion le 3 avril et le 17 juillet 2025 et en podcast ici.
(176) « Justice surréaliste: agir par l’écriture artistique »: diffusion le 18 septembre et 23 octobre 2025 et bientôt en podcast là.
Découvrir les textes publiés sur les sites Internet des deux associations initiatrices du projet
La publication Justice surréaliste sera en ligne à partir d’octobre 2025 sur les sites des associations initiatrices du projet:
Lire les articles
Une co-initiative d’Article 27 # Bruxelles et du Centre de prévention des Violences Conjugales et Familiales, réalisée en collaboration avec l’aisbl ScriptaLinea – en français « Collectifs d’écrits », et avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles, de la Région de Bruxelles-Capitale, de la Commission Communautaire Française (Culture et Action Sociale), de la Commission Communautaire Commune et de visit.brussels.